Qu'est ce que fais une si petite créature, seule dans une aussi grande ville? [River]

Arabesque prit le trot en sortant de l'écurie de l'auberge. En échange d'un petit coup de main pour acheminer des tonneaux de bière, l'aubergiste l'avais laissé se reposer quelques jours dans l'écurie avec picotin et eau fraîche à volonté. La jument était donc fraîche et dispo comme si elle avait cinq ans de moins.
Elle avait donc décidé d'aller affronter la citadelle d'Uthia et tout le bruit et l'agitation que cella comprenait. Au bout de quelques heures de trot effrenés en direction de la capitale, elle finit par tomber sur le pont levis, gardé par deux soldats.

"Bonjour messieurs! Puis-je passer?"
demandat-t-elle poliement.
"Vous avez pas de cavalier?"
répondit le soldat de gauche.
"Heu...non. Je fais cavalier seul, si je puis dire."

Le soldat leva les yeux au ciel devant le mauvais jeu de mot et lui fit signe de passer. Aussitôt, Arabesque fut assaillie par les odeurs, les mouvements et les bruits qui raisonnaient dans la ville. Apeurée et surprise, la jument se rangea dans une ruelle déserte, le temps de s'y habituer. Mais dans cette ruelle, elle trouva une petite chatte blanche portant un foulard attaché au cou par une broche en forme de fraises.

Arabesque baissa la tête vers elle et lui soufla doucement dessus avec les naseaux, comme elle le faisait avec les créatures plus petites qu'elle.

"Qu'est ce que tu fait là toute seule, chaton?"

Cette journée avait fait le plus grand bien à River. Dès le matin, elle était sortie en douce, passant par les toits; elle n'avait pas touché à sa nourriture, dans sa gamelle. Cette nourriture? non, jamais! En tout cas, pas aujourd'hui. Elle n'avait qu'une envie: manger une bonne barquette de fraises et un peu de viande. De la bonne viande du marché.
Doucement elle s'était levé de son coussin, avait vérifié que ses maitres soient bien endormis, et avait sauté sur le bord de la fenêtre qui était toujours entre-ouverte pour elle. Doucement, comme toujours, elle se glissa son corps fin et blanc dehors, puis arriva sur les toits de la citadelle. Elle s'assit un peu, et observa la vue; elle était heureuse, cette vue était magnifique, les toits de taille et de couleur différente, elle adorait ça; mais elle ne voulait pas rester ici trop longtemps. D'autres choses l'attendaient, et elle était restée assez longtemps pour que les humains soient tous réveillés. River se concentra une fraction de seconde et es transforma en humaine. Elle enfila doucement ses vêtements qui étaient apparus, pliés et propres, à côté d'elle. Elle pouvait enfiler ses vêtements très rapidement, en moins de dix secondes si elle voulait, mais elle n'était pas pressée, elle avait toute la journée devant elle, et plus encore; mais elle ne voulait surtout pas faillir à sa réputation et à l'image que les habitants de la ville avaient sur elle.
Après s'être habillée elle descendit habilement jusqu'à arriver dans une ruelle. Elle entra en scène; son moment favoris; Ses longs cheveux blancs glissaient derrière elle, son cœur battait calmement, elle avait l'habitude; elle arriva devant le fruitier, elle se cacha derrière la foule en enlevant son chapeau pour qu'il ne dépasse pas. D'un geste souple et rapide elle attrapa une barquette de fraises fraiches, elle s’agrippa à la barquette et, quand un client hurla au voleur, elle était déjà repartit en passant devant un vendeur de viande, dans sa course elle attrapa un poulet déjà cuit, elle remit son chapeau et partit; coursée par des villageois. Elle sauta sur quelques toits, sauta de ces toits, slaloma entre plusieurs maisons et se trouva dans une impasse. Elle avait prit un peu d'avance sur les gardes qui la coursait (car les villageois avaient vite abandonnés). Arrivée devant l'impasse, elle s'arrêta d'un bond; elle tourna les yeux vers la rue d'où elle venait avec un petit sourire en coin. Elle planqua soigneusement son butin derrière une caisse et redevint un chat.

Petit chat innocent avec un foulard autour du cou, s'attendant à tous moments à voir un garde débouler à la recherche d'un des voleur le plus recherché de la citadelle, et voyant un petit chat calmement assis en train de se laver la patte droite calmement. Mais elle entendit un bruit de sabot. Elle redressa ses oreilles et regarda la sortie de l'impasse. River vit une tête de cheval brune puis, rapidement, un corps entier. A l'odeur, c'était une jument, sauvage. Sans cavalier. La chatte se leva; des naseaux de la jument émana un souffle qui caressa le pelage de River, elle tressaillit; cette sensation était agréable et désagréable à la fois. Ces créatures étaient très imposantes lorsqu'elle était dans sa forme féline; la jument lui demanda:

"Qu'est ce que tu fait là toute seule, chaton?"

Chaton? River ricana, cette jument ne savait pas de quoi elle parlait, pour un chaton, elle avait de l'expérience; un chat de 18 ans c'était quand même beaucoup; mais pour River ce n'était qu'une parcelle de sa vie. Le chat dit:

[color=powderblue]-Je suis loin d'être un chaton madame, j'ai 18 ans. Et vous madame, que fait une jument sauvage dans une ruelle de la citadelle?

Mais avant qu'elle puisse attendre la réponse du cheval, River entendit au loin:

"Cherchez dans toutes les ruelles, un chaton blanc ou une jeune femme aux cheveux blancs et aux oreilles pointues! nous la voulons morte ou vive!"

En une fraction de seconde elle se déplaça de son emplacement jusqu'à la cachette où était son butin. Elle se cacha derrière et se transforma en humaine. Très rapidement elle se retrouva habillée; elle prit la nourriture qu'elle avait volé quelques minutes avant et les mis dans un vieux cageot qu'elle posa sur le dos de la jument, elle dit:

-Tiens ça s'il te plait...

Des gardes déboulèrent dans la ruelle, le chef dit:

-On t'a enfin trouvée! Rends-toi, tu es faite de toute façon!

River rit, elle repoussa une mèche de cheveux blanche derrière son oreille pointue, elle s'approcha de la jument doucement; méfiants, les gardes firent un pas en arrière. La jeune femme approcha son visage de l'oreille de la jument et murmura en caressant son crin:

-Tu veux bien m'aider? Je te serais redevable!

Sans la jument elle n'aurait aucun problème à s'enfuir, mais tant qu'à faire, autant s'amuser![i]

Dix-huit ans! Une si petit chatte?

"Oh! Excuse moi. Je suis Arabesque."

Apparament, la jument n'était pas au bout de ses surprises quand elle entendis crier qu'on recherchait un chaton blanc où une jeune femme aux cheveux blancs. Ses oreilles se plaquèrent en arrière puis revinrent doucement en avant.

"Tu as aidé ta maitresse à v..."

Mais la minette avait plongé derrière un tas de vieux cageots et en était ressortit habillé et portant une caisse contenant un poulet roti et une barquette de fraises. La jeune femme lui posa tout ça sur le dos en lui demandant avec courtoisie si elle pouvait lui porter. Soudain, une foule de gens débarqua dans la ruelle, réveillant la méchante agoraphobie d'Arabesque. Aussi, quand la jeune femme lui demanda de l'aider, elle ne se fit pas prier. Pliant doucement ses jambes arrières, elle ronfla un petit:

"Monte!"

Elle resta dans cette position quelques secondes, jusqu'à être sûre que la jeune femme soit bien installée, puis partit au galop vers la foule et fit brusquement demi tour pour revenir vers le mur de deux mètres de haut qui fermait l'impasse et sauuuutaaa. Elle se rendit vite compte qu'elle n'y parviendrais pas. Aussi risqua-t-elle une acrobatie très risqué pour une jument: elle prit appui avec ses anterieurs sur le haut du mur et s'y appuya pour reprendre de l'élan, puis s'écroula de l'autre coté, stupéfaite.

Il était rare pour River de rencontrer une nouvelle personne, de voir une nouvelle tête, surtout quand il ne s'agissait pas d'êtres humains, quand il ne s'agissait pas d'un nouveau garde qui ne sait pas où se placer ou un des nouveaux marchands victime des vols continus de la métamorphe, ou encore un homme qui la cherchait pour lui demander sa main, non mais et puis quoi encore? D'un autre côté, River se sentait très mal dans ces moments, elle n'était pas humaine, c'était sûr, pourquoi étaient-ils attirés par elle? Et puis tout ce qu'ils proposaient, l'argent, une vie stable, c'était exactement ce qu'elle tentait de fuir. Mais sa gêne allait au-delà de ce stade, elle ne savait pas quoi penser, comme si ses pensées allaient vers un autre (en fait je pense qu'elle est amoureuse de son maître, mais qu'elle est trop étourdie pour s'en rendre compte *rire*).
Donc le fait qu'elle fasse peu de rencontres l'avait amené à une manière de vivre: si elle rencontrait quelqu'un, elle en profiterais! Donc chaque rencontre doit être vécue à fond. Eh oui, voila pourquoi elle avait demandé de l'aide à la jument. Car ces murs de brique d'un peu plus de deux mètres de haut n'étaient qu'un petit château de sable devant ses pieds (en vision humaine); il était très simple de sauter en s'accrochant aux murs, ou encore de sauter tout court, en se servant des caisses comme marche-pied. Mais bon, c'était bien plus drôle à plusieurs!

Donc les gardes étaient là, la jument aussi, la bouffe aussi! Il fallait protéger le trophées de River, rien n'était plus frustrant pour elle que de perdre ce qu'elle volait. Lorsqu'elle demanda à la jument de l'aider, elle ne s'était vraiment pas attendue à ce qu'elle accepte, mais ce fut le cas; elle dit à la jeune femme de monter sur son dos. Toute heureuse de tenter une nouvelle expérience, River monta sur le dos de la jument qui s'était baissée pour faciliter l'accès à son dos. Elle se plaça rapidement, elle n'était jamais montée à cheval, et elle aimait déjà ça. Vu que la jument resta quelques secondes dans la même position, River en profita pour dire aux gardes:

-Il y a toujours une issue, crétins!

La jument se leva et sortit de la ruelle au galop, arrivée à la sortie, elle fit demi-tour. Très vite, River comprit son attention et sourit, un sourire malin et sournois. Les gardes regardèrent étrangement la jument et, lorsqu'elle se mit à foncer vers le mur, ils ne s’écartèrent qu'au dernier moment, manquant de se prendre un violent coup de sabot. River entoura l'encolure du cheval de ses bras pour tenir bon à la manœuvre qu'elle allait faire. De justesse, la "sauveteuse" de River parvint à arriver sur le toit. Juste avant que la jument ne s'écroule, la jeune fille avait sauté de son dos pour ne pas être écrasée sous le poids de l'animal, après tout, elle était peut-être solide mais il faut pas pousser!

Après sa roulade la jeune fille se releva d'un bond en riant, elle se calma partiellement et elle s'approcha de la jument. Arabesque, c'était son nom, c'était joli! Arabesque, ça évoque quoi? la liberté de mouvement? les acrobaties... River, ça évoque la liberté de l'eau; enfin, c'était ce que River avait toujours pensé. Son maître aussi d'ailleurs.
Elle caressa doucement l'encolure d'Arabesque et s'approcha du bord. Encore une fois, elle put se rendre compte que les gardes de la citadelle étaient bien lâches! Ils avaient déjà lâché l'affaire?

Soudain, River se remit à rire, les larmes aux yeux, pliée en deux, elle dit:

-C'est tous des lâches c'est trop drôle! Et toi t'as été géniale! Merci!

Elle rit quelques minutes, se calma complètement et s'étira; elle continua plus calmement:

-C'est pas grave si tu te trompes à propos de mon âge, j'ai une espérance de vie humaine, je ne suis pas ce qu'on appelle un "animal" mais je suis une "créature"; même si pour moi ça n'a pas vraiment de différence. Je stagne à mes deux ans au niveau de mon apparence de chat.

Elle se retourna en souriant joyeusement et en disant à la jument:

-Je m'appelle River! enchantée!...Mais en fait je n'avais pas vraiment besoin de toi pour me sauver, de toute façon ils sont tous nuls, ils ont jamais réussi à me chopper... Je voulais juste m'amuser!

Elle avait dit ça en ricannant, elle ne se moquait pas concrètement de sa sauveteuse, elle s'était juste vraiment amusée.

Si Arabesque n'avait pas été plutôt maternelle par nature, elle se serait certainement énervée. Au lieu de cela elle se releva et vérifia tout doucement qu'aucun de ses membres n'avaient pas été abimés dans sa chute et laissa échapper un petit henissement de douleur: elle avait dut faire un faux mouvement. Puis, toujours tout doucement, elle secoua sa crinière. Après une rapide vérifiquation du muscle de sa queue, elle poussa délicatement le chaton-jeune femme dans le dos avec le bout de son nez.

"Dépèche toi, minette! Ils vivent où, tes maîtres? Tiens, au fait, comment tu t'appelle?"

La jument se mit à marcher, toujours lentement pour se remettre du choc, la barquette de vivres sur le dos, en boitillant de l'anterieur gauche. Elle s'était peu être alongé un tendon, mais rien qu'elle ne puisse soigner à condition de le ménager.

"Peut-tu prendre la nourriture? Je me suis fait un peu mal à la jambe."

Là, River était heureuse; elle avait rencontré quelqu'un et s'était bien amusée, en plus elle avait volé des fraises! La jument, Arabesque, avait été gentille, intelligente et brillante, c'est pourquoi River s'était autant amusée, elle adorait ce genre de personnes. Après avoir parlé un peu, elle s'était retourné vers la jument qui avait hennit, elle s'était fait mal? De l'amusement, River passa à inquiétude; zut... La jument secoua sa longue crinière noire délicatement; River avait toujours été plus ou moins fascinée par les chevaux sauvages; les chevaux de la garde ne valaient rien, mais les sauvages, eux étaient libres, ils galopaient dans les prairies, crinière au vent; et en un sens, la métamorphe aspirait à passer au moins une journée comme ça. La petite chatte fut tirée de ses pensées, Arabesque lui avait légèrement poussé le dos avec son museau en lui disant:

"Dépèche toi, minette! Ils vivent où, tes maîtres? Tiens, au fait, comment tu t'appelle?"

La fille aux cheveux blancs fut un peu frustrée, elle prit son air de teigne frustrée, juste pour rire; elle répliqua:

-Eh! à ce que je sache, les chevaux ont quoi...30 ans d'espérance de vie? vue ta taille, ton courage, ta force, tu ne dois pas avoir plus de dix ans, ce qui veut dire que je suis ton ainée! Un peu de respect! Et en plus je t'ai déjà dit mon nom, c'est River!

Elle rit doucement avant d'attraper délicatement le visage de la jument entre ses mains pales, une main sur chaque joue; elle caressa délicatement ce que l'on appelle le chanfrein de sa main droite en disant calmement:

-T'en fais pas pour mes maîtres, ils ne l’inquièterons pas, je suis déjà partie bien plus longtemps qu'un jour, et pour l'instant ils ne me manquent pas.

Un sourire en coin, un brin mélancolique, apparut sur son visage d'humaine. Lorsque la jument lui demanda d'enlever la nourriture, River se réactiva , et dit en dégageant la nourriture du dos de la jument:

-Justement je voulais parler de ça! Je n'ai pas besoin de rentrer de suite, alors si tu veux je peux m'occuper de toi un peu, tu t'es fait mal à cause de moi, désolée. C'est vrai que je n'avais pas besoin de toi pour m'enfuir, un mur de deux mètres ce n'est rien pour moi, je suis née chat, ce qui fait de moi quelqu'un de très souple et agile donc...Tu t'es un peu fait mal pour rien.

Elle était désolée, mais pas assez pour s'excuser 20 fois; elle l'aurait été plus si la jument avait eu des bébés en route, ou si elle s'était brisé un membre. La jeune fille sourit et demanda:

-Qu'est-ce que je peux faire pour toi alors?

"River...je viellis plus vite que toi. J'ai l'équivalant de ving-cinq, trente ans, donc je suis plus vielle."

Ce chaton commençait à l'énerver: comment une créature si mignonne pouvait être aussi embêtante? Puis River éclata de rire et lui carressa le chanferain. Arabesque ferma les yeux sous la carresse. Puis quand la jeune fille lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour elle, la jument tendis l'encolure vers le cageot et croqua quelques fraises.

"Ca va déjà mieux! Où est ce que je peut trouver un abrevoir? Et un peu de paille pour me coucher?"

Arabesque détaillia l'endroit où elles avaient atteris: c'était une petite place pavée entourée d'immeubles, dont la seule sortie était une ruelle où trainait quelques chiens errants.

"Je crois qu'il ne faudrait pas trainer ici: la seule sortie c'est cette rue là-bas et si tes poursuivants ont un minimum de jugeote, il la boucheront. Je pense ne pas supporter un deuxième saut au dessus de ce mur..."

River avait pris son air vexé qui la faisait rire toute seule, elle avait répliqué à la jument que malgré son apparence, elle restait plus âgée qu'elle; à cela, Arabesque lui répondit que vu que les chevaux vieillissent rapidement; elle avait plus de 25 ans, ce qui faisait d'elle l'ainée de River; pour le moment, la chatte ne répliqua pas, elle se contentait un peu d'écouter. Elle s'excusa à la jument qui s'était un peu blessée pour rien, puis lui demanda si elle pouvait faire pour elle. La nouvelle connaissance de River lui répondit qu'il lui fallait un abreuvoir et de la paille où s'allonger. Elle s'était baissée pour croquer quelques fraises, le chat elle était loin d'être égoïste, elle ne broncha pas d'un poil.

"Je crois qu'il ne faudrait pas trainer ici: la seule sortie c'est cette rue là-bas et si tes poursuivants ont un minimum de jugeote, il la boucheront. Je pense ne pas supporter un deuxième saut au dessus de ce mur..."

River sourit; elle répondit:

-T'en fais pas, mes poursuivants n'ont pas de jugeote, ça fait des lustres que je leur fuis, treize ans, un truc du genre. Ils doivent croire que je me suis déjà enfuie par les toits! Et puis si ils nous retrouvent je te porterais!!

Elle avait dit ça très sérieusement; une jument ne devait pas être trop dûre à porter...si? En fait elle n'avais jamais essayé donc...Au pire elle aurait fait un trou dans un mur et elles se seraient enfuies pas là! River passa sa main dans ses cheveux avant de penser tout haut:

- Par contre, si ils savent à quoi je ressemble sous ma forme origine, ça signe peut-être la fin de ma vie de Bohême....Leurs renseignements deviennent vraiment gênants...Je me demande si c'est le boucher qui a vendu la mèche en voyant mes portraits en ville...si c'est le cas...

Elle serra le poing et s'énerva:

-Je lui butterais sa tronche de macaque meurtrier!!!

Elle se calma; elle venait de parler à voix haute sans s'en rendre compte, révélant quelques éléments de sa vie à une presque parfaite inconnue. Elle regarda l'inconnue en question et lui dit:

-Mais toi qui t'es enfuie avec moi, tu t'es attiré de sacrés ennuis! Je suis une voleuse recherchée dans toute la citadelle...

Soudain elle se "réveilla" et continua:

-Ah! pour l'abreuvoir... >elle parla plus bas, en réfléchissant à voix haute< Je crois que quand on était petits...on allait souvent jouer dans une petite ferme abandonnée quand maman était encore en vie...

Elle se tourna à nouveau vers la jument et demanda:

-Tu peux marcher un peu? C'est à vingt minutes de marche...Tu y arrivera?

Elle croqua une fraise, puis mangea un peu du poulet. Elle prit les restes et se rapprocha du mur; elle bondit haut, s'accrocha à une brique, passa son pied dans une brique un peu plus bas, et agrippa le haut du mur. Elle se fit basculer de l'autre côté et tomba, le cageot toujours dans ses bras. Elle le déposa bien en vue et fit demi-tour, refit le même parcours sur le mur et retomba agilement près de la jument. Elle lui expliqué:

-Il y a beaucoup d'enfants errants dans cette ville, ils parcourent les rues avec des poubelles autour du marché tous les jours pour survivre. Nous ne pourrons pas nous encombrer de cette caisse plus longtemps, je suis repu et il y a plein de fraisiers là où nous allons, je préfère leur laisser la nourriture que la jeter en la gaspillant.

Elle était très attentionnée, mais c'était naturel pour elle, n'allez pas croire qu'elle irait se vanter de sauver les pauvres de la famine, elle avait été dans cette situation, elle ne la souhaitais à personne. Elle s'étira un bon coup et reprit sa forme féline.

-Comme ça je pense que j'arriverais plus à me repérer; je ne savais même pas que je pouvais devenir humaine quand j'allais à cette ferme, de ce point de vue ça devrait aller. Prête? Ça va mieux ta patte?

Arabesque sourit un peu.

"Ne tente pas de me porter tu va te casser le dos en tout petits petits fragements: j'ai quatre cents kilos à la dernière pesée."

Ensuite, River parla d'un boucher qui aurait vendu la mèche et de lui tuer sa tête de primate tueur. La jument sentit un fort ressentiment doublé d'une forte tristesse. Elle en fut troublée et attristée, sans réfléchir, elle fourra sa tête contre l'épaule de la petite chatte en reniflant. Puis au bout de quelques secondes, Arabesque eu l'impression que River était passée à autre chose.

"Oh ne t'inquiète pas, j'ai rendu quelques services aux soldats de la citadelle et j'ai une sorte...d'imunité judiciaire, peut-être même que je pourrais t'en faire profiter."

En effet, Arabesque avait plusieurs fois porté des gardes soûles sur son dos pour les aider à rentrer à la caserne à temps. Elle avait même aidé à une arestation, une fois!

River s'était mise à marmonner à voix basse au sujet d'une ferme abandonnée où elle allait jouer petite. Quand elle lui demanda si elle pouvait marcher, Arabesque répondit d'un vigoureux signe de tête et d'un petit "oui, oui!"

Le chaton enjamba le mur avec une facilité déconcertante et laissa les vivres de l'autre coté en expliquant qu'elle le laissait pour les enfants de la rue. Encore une fois, une chape de tristesse tomba sur le coeur d'Arabesque. Son tempérament maternel lui faisait avoir pitié d'à peu près tout le monde.

"Pauvres enfants"soupira-t-elle, puis, elle se tourna vers River pour répondre à sa question:"On dit une jambe, mais ça va, je pense que vingt minutes de marche ne me turons pas!"